NOUVELLE CONTROVERSE AU YMCA
: LE BURKINI
Un fait
divers ? Surement pas !
Les YMCA du Québec viennent de lancer ces jours-ci une
campagne invitant les femmes à venir profiter de leurs piscines pour nager en
toute liberté et à leurs rythmes. C'est tout à fait louable mais il y a un hic,
l'accroche pour la promotion est une femme en burkini, souriante dans l'eau,
accompagnée de deux enfants.
Le burkini pour ceux qui ne le savent pas est le vêtement
islamique conçue pour les musulmanes, les recouvrant totalement à l'exception
du visage, car nager avec le visage couvert s'est révélé impossible lorsque ce
vêtement fût imaginé et testé par les gardiens de l'orthodoxie islamique. En
bref, le burkini est à la burqa, ce que le maillot de bain féminin est à la
jupe et au corsage de l'occidentale.
On se doute qu'une telle initiative des YMCA venant après
l'épisode du givrage des vitres du YMCA de Park-Extension ne passe pas
inaperçue. La controverse n'a pas tardé à éclater, elle fait le buzz des media
sociaux ainsi que des radios. Madame Michèle Sirois, présidente de PDF (Pour
les Droits des Femmes) fut interviewée jeudi le 12 novembre par l'animateur
radio bien connu, M. Dutrizac et
exprima son étonnement d'une telle campagne, déclarant "Quelle image
d'intégration des femmes musulmanes on transmet aux Québécois et aux
Québécoises ? Quelle image de la femme en général : cacher votre corps, car il
est provoquant s'il n'est pas couvert ? Et en plus, pourquoi pas une image
d'homme qui va au bain libre avec ses enfants ?"
Au-delà du fait divers, que peut bien signifier pour les
YMCA cette promotion ?
Trois possibilités me viennent à l'esprit :
- Est-ce une simple approche publicitaire ?
- Est-ce la promotion d'un message de solidarité avec un groupe social en besoin de protection et de services, dans la ligne de la philosophie traditionnelle des YMCA s'adressant aux couches défavorisées de la société ?
- Et enfin, est-ce plutôt un message aux futurs réfugiés syriens devant arriver incessamment suite aux engagements électoraux de Justin Trudeau ?
Quelque chose cloche pourtant dans chacun de ces trois
cas de figure
Si c'est une pure accroche publicitaire pour accroître la
clientèle, la photo, en se restreignant à une niche très minoritaire raterait
son objectif. De plus l'image d'une femme en burkini va provoquer la controverse
comme lorsque l'organisme
avait fait givré ses vitres pour plaire aux juifs ultra orthodoxes de
Park-Extension
Si c'est un message de solidarité avec un groupe social
défavorisé ou ostracisé, pourquoi ce groupe très réduit et sûrement pas le plus
prioritaire au Québec en termes de besoins ? Il y a des groupes sociaux en bien
plus grande difficulté et plus nombreux : les pauvres, les assistés sociaux,
les chômeurs, les mères de famille monoparentales, etc.
Si c'est un message en lien avec les réfugiés, il pose
problème, car afficher comme bienvenue une femme en burkini, exprime une
adhésion à une vision de la femme en opposition radicale avec une valeur
fondatrice du Québec contemporain, à savoir l'égalité Homme/Femme
On doit chercher ailleurs la motivation du YMCA qui ne
peut ignorer que cette campagne suscitera inévitablement des remous.
Essai d'explication :
On constate une convergence entre divers acteurs sociaux
: dirigeants politiques, élites universitaires, monde des media, monde
associatif, regroupements religieux, pour prétendre que le Québec est en proie
à une vague d'islamophobie et qu'il convient de lutter contre ça. Entre autres
:
- Les discours dominants dans les media caractérisant comme islamophobe toute critique de l'islam, comme l'avait fait la journaliste Johanne Faucher dans l'émission "Enquête" de Radio Canada intitulé "La montée de l'intégrisme. Lever le voile" en novembre 2014
- La tenue récente du 29 octobre au 1er novembre à l'INRS-UCS d'un large symposium international [Islamophobie Race-Religion-Libéralisme] organisé par d'éminents professeurs québécois sur l'islamophobie réunissant tout un aréopage d'universitaires américains, européens et québécois. Les conférenciers principaux étant le professeur Joseph Massad de l'université Columbia et l'inévitable Jacques Frémont le président du CPDPDJ, l'homme qui sera chargé des basses œuvres de la future loi 59. À noter la participation de diverses organisations musulmanes comptant des islamistes notoires.
- la volonté du gouvernement Couillard avec le projet de loi 59 de criminaliser officiellement les discours haineux, mais visant en fait à interdire toute critique de l'islam au prétexte que c'est l'islamophobie qui cause ou facilite la radicalisation des jeunes musulmans, incités de ce fait à glisser vers le terrorisme
- Le discours de Justin Trudeau, déclarant durant la campagne électorale récente à une musulmane voilée, que le Canada avait été construit par une multitude de cultures et qu'il ferait tout pour que cette femme voilée puisse vivre en totale conformité avec les spécificités de sa culture à elle.
- À l'instigation de Françoise David, la cheffe de Québec Solidaire, l'adoption à l'unanimité par l'Assemble nationale d'une résolution condamnant l'islamophobie au Québec
- La campagne d'affichage des burkinis, des YMCA, endossant de fait une pratique qui heurte les sentiments de la majorité de la population québécoise hostile à un différentialisme institutionnalisé entre les femmes et les hommes, et rejetant de ce fait tous les signes vestimentaires marquant l'infériorisation des femmes
Une telle unanimité de points de vue d'une large fraction
des élites, indique que la lutte contre l'islamophobie fait aujourd'hui partie
du discours dominant. Or on sait très bien que la notion d'islamophobie est une
trouvaille dont l'unique objectif est d'empêcher tout regard critique sur
l'islam et ses pratiques au Québec, car les faits ne confortent nullement un
prétendu racisme et discrimination systématique à l'encontre des musulmans. Qui
croirait en effet que les musulmans sont ostracisés alors que le Canada et le
Québec comme tous les pays occidentaux les accueillent en grand nombre et à
bras ouverts.
Le problème n'est pas là, il n'a jamais été là. Le problème
est d'abord celui de la difficulté d'une fraction significative des nouveaux
venus à accepter de s'intégrer aux us et coutumes laïques du pays, et ensuite à
l'étrange conception des élites à l'effet que le Canada serait un pays
hors-sol, construit et habité par un Homme universel, mais dont l'universalité
ne serait que l'addition de multiples singularités. Cet Homme universel aurait
de plus un penchant particulier pour les victimes, pas nécessairement un
penchant égal pour toutes les victimes, certaines moins égales que d'autres.
Pour l'heure, il ne faut rien refuser à ceux qui se réclament de l'islam.
Mais la réalité est têtue, l'invitation à pratiquer le
burkini par les YMCA n'aidera sûrement pas à l'intégration des femmes
musulmanes ni à fortiori à consolider un socle de valeurs communes !
Léon Ouaknine
13 novembre 2015
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