L’élection de Donald
Trump a provoqué un véritable électrochoc aux États-Unis et ailleurs dans le
monde. Ce qui me surprend n’est pas qu’il ait gagné, c’est le niveau
d’effarement des gens. Mais à bien y penser ce n’est pas si surprenant, tellement
les media sont devenus un show et non un véritable lieu de débats.
Deux facteurs importants interreliés expliquent selon moi ce qui est arrivé.
1. Une
lutte de classe qui s’exprime sous la forme d’une jacquerie, parce que les
classes exploitées ont avalé depuis longtemps l’idéologie dominante faute
d’outils pour penser leur exploitation de façon intelligible (Manufacturing consent. Noam Chomsky). De
plus, depuis le consensus de Washington de 1991 suite à l’implosion de l’URSS -
le capitalisme est donné comme phénomène naturel indépassable, une réalité du
même ordre que la gravitation - aucun intellectuel de renom hormis Noam Chomsky
n’ose plus s’aventurer dans ce champ.
2. L’angoisse
identitaire de ceux qui perdent pied, face à une mondialisation qui les
crucifie.
En ce qui concerne la
paupérisation croissante de millions de gens, tout a été dit ou presque. Les
traités de libre échange ont décimé l’industrie manufacturière, la
financiarisation de l’économie a permis à quelques acteurs de profiter de leurs
manipulations des marchés (scandale du
Libor et des taux hypothécaires) sans en subir les contrecoups négatifs (socialisation
des pertes par le sauvetage des grandes banques et des compagnies d'assurances,
etc. au principe qu'elles étaient trop indispensables pour qu’on les laisse
faire faillite - too big to fail).
Cet ultra-libéralisme entièrement à la solde d’une hyper-classe de possédants,
a massivement éviscéré les principaux acquis sociaux de la deuxième moitié du
XXème siècle, sans omettre, cerise sur le gâteau, un mode de taxation dément,
Trump et en fait tous ses semblables arguent de pertes gigantesques pour ne jamais
payer d'impôts sur le revenu, ce qui fait dire à Warren Buffet (2ème ou
troisième plus grosse fortune des E-U) que la lutte de classe existait mais qu’elle
avait été gagné par les hyper-riches au-delà de toute mesure, citant à l’appui
de ses dires, que son taux réel d’imposition en tant que milliardaire était
beaucoup plus faible que celui de sa secrétaire.
Le résultat de cette prédation systématique est que depuis les 40 dernières
années, hors les 1% les plus fortunés, il y a eu une stagnation des revenus
réels de l’immense cohorte qui n’a pas de diplôme d’une université reconnue (au
moins 90% de la population) et un taux de chômage réel beaucoup plus important
que ce qu’en rapportent statistiques officielles. Il faut savoir que des
millions de gens ayant abandonné tout espoir de trouver un emploi à temps plein
permanent sortent des listes officielles de chômeurs. Il faut comprendre
également que des millions de gens qu’on a affublé du titre
d’auto-entrepreneur, survivent difficilement avec des macs-job à temps
partiels. Auparavant, les gens pouvaient lutter au plan économique avec des
syndicats, en faisant grève et en forçant ainsi les patrons à négocier. Depuis
Reagan, tout ça a quasiment disparu, les syndicats ne sont plus que l'ombre de
ce qu'ils étaient. Aujourd'hui, les travailleurs ont perdu tout pouvoir de
négociation puisque l'alternative est directement la suppression d'emplois. Le
salaire horaire a été réduit, parfois de 40$ à 15$ pour le même job. La
couverture santé a disparu de presque tous les emplois manufacturiers et de
services sauf pour quelques groupes de privilégiés, employés gouvernementaux,
armée, etc. Au plan économique, l’hyper classe possédante rafle presque tout
l'accroissement de productivité. La disparition de presque tout pouvoir de
négociation est probablement liée moins à
la disparition de l'URSS qu’à la fin du rêve socialiste dans le monde, entraînant
une forme de résignation face la nouvelle loi d’airain du monde. Ainsi, avec la
mondialisation, l'économique est devenue suprême et l'importance du politique a
régressé au point de devenir le simple cache-sexe de l'économique, puisque les
mécanismes du marché se rient maintenant des gesticulations des élus, surtout
si ceux-ci arborent des idées progressistes.
Tout ceci ne relève pas d’une simple phase passagère, non seulement parce que
les emplois perdus dans l’industrie manufacturières ne reviendront pas, mais
parce que la robotisation de l’économie va s’accélérer; on prévoit que 40% des
emplois actuels vont disparaître de ce fait dans les 20 ans qui viennent, même
dans le domaine des services, qu’on croyait immunisé. À titre d’exemple, une
partie de plus en plus importante d’articles de journaux sont rédigés par des
algorithmes à partir des dépêches des agences de presse, l’informatisation de
toutes les actes judiciaires permet maintenant de se passer du soutien
para-légal, la jurisprudence et les analyses qui la concerne étant maintenant
accessibles instantanément dans tous les bureaux d’avocats.
Jusqu’au début des années 70, l’ascenseur social fonctionnait encore, ce qui
permettait à un parent d’être convaincu que son enfant aurait une vie meilleure
que la sienne, de même que la sienne avait été meilleure que celle de ses
parents. L’avenir était porteur d’espoir et entretenait le rêve américain, que
le travail et la détermination étaient les clés d’une meilleure vie.
Aujourd’hui le parent sait que le futur de son enfant sera moins reluisant que
le sien et pourrait même être catastrophique. Lentement l’évidence s’est
installée, l’avenir bouché pour l’immense majorité, les dés pipés malgré les
discours lénifiants des élites supposément progressistes des Obama, Clinton et
compagnie. Ceux-ci avaient vendu l’idée d’une mondialisation heureuse avec
NAFTA et l'OMC. Elle fut effectivement dorée pour le grand capitalisme
américain, les Apple, IBM, Amazon, Facebook, Starbucks et les autres, qui se
positionnent en fonction d’un marché mondialisé, et qui utilisent les rivalités
entre États pour garer leurs profits là où l’imposition est minime ou
inexistante. Lorsque les perdants ont constaté que le rêve des uns était le
cauchemar des autres, leur cauchemar et qu’ils ont protesté, on les a accusé de
populisme, c’est-à-dire de réagir émotionnellement et non en réfléchissant
froidement. Rien n’est plus scandaleux que cette accusation de populisme;
lorsqu’on réalise qu’on se fait enc.. par ces élites, comment ne pas réagir
autrement ? Comme si les élites agissaient rationnellement lorsque leurs
grandes banques ont jeté des millions de personnes à la rue en les expulsant frauduleusement
de leurs logements. En vérité, le populisme est une réaction naturelle devant les
effets de l'impitoyable prédation des élites capitalistes, confortés par les
élites intellectuelles et médiatico-politiques, dont le destin leur est lié.
Voter, un acte politique survenant tous les quatre ans, était devenu l'unique
moyen des perdants d'exprimer leur désespoir.
Le deuxième facteur est
clairement relié au premier, la mondialisation capitaliste exige in fine une
approche multiculturelle pour mieux vendre les produits, tant sur le marché
intérieur que sur les autres. Une compagnie ne vend pas son produit à un
citoyen, c'est-à-dire à un acteur invoquant sa raison pour participer à
l'orientation politique de la cité, elle vend son produit à un client,
c'est-à-dire à un consommateur marqué par sa culture. Les grandes corporations
sont donc naturellement amenées à favoriser une idéologie multiculturaliste et
poussent les gouvernements à adopter partout des politiques d’accommodements
raisonnables, pour encourager les flux migratoires et conforter leur image
mondiale. Or ces politiques d’accommodements créent partout des déchirures du
tissu social des nations, accroissant un sentiment d’aliénation, les gens se
sentant de moins en moins chez eux. On le constate partout en occident. En
effet, les politiques migratoires des grands pays occidentaux ont favorisé
l’entrée de millions de migrants, venus d’un ailleurs géographique, culturel ou
religieux. Parallèlement à cette politique d’État, l’idéologie des droits de
l’homme s’est transformée en doits-de-l’hommisme, dans une dérive devenue
folle, avec les conséquences qu’on peut voir dans tous les pays occidentaux ;
suscitant une révolte massive des peuples, le Brexit au Royaume-Uni et les
bouleversements qui s’en viennent en France et dans tous les autres pays
européens. Ce ne sont pas les cris de vierges indignées des élites
intellectuelles et médiatico-politiques qui changeront cette angoisse
existentielle que ressentent les peuples face à ces millions de gens qui ne
demandent plus comme avant à s’intégrer, mais qui exigent que le pays s’adapte
à leurs exigences au lieu que ce soit l’inverse. Tant au Royaume-Uni, qu’en
France et aux États-Unis, ce sursaut du peuple au travers des processus
électoraux exprime un refus des politiques des élites.
LE
RETOUR DU RÉEL
Tout ceci a mené à des protestations du genre « Occupy Wall Street » mais à rien d’autre de fortement structuré,
offrant une analyse claire de ce phénomène d’exploitation. Il n’est pas
étonnant que le seul moment où la colère pût s’exprimer fût les élections, avec
les millions de gens soutenant Sanders (un authentique progressiste) et des
millions d’autres mesmérisés par un mégalomane caractériel.
Trump est un capitaliste qui se fout complètement du sort des autres et qui se
fera vite de grands amis à Wall Street, parce qu’il vise uniquement à maximiser
ses intérêts. Il déplait aux élites uniquement parce qu’il n’est pas du sérail
et qu’il n’a aucune manière, mais leurs intérêts convergent et je prédis que
les élites capitalistes et financières vont très bien s’accommoder de lui.
Il a soulevé les masses, parce qu’il parlait avec un langage cru, en opposition
totale avec le politiquement correct. Plus il disait des choses horribles, plus
il était authentique, et c’est ça qui a plu et emporté l’adhésion parce que les
gens voyaient bien que le langage policé d’un Jeff Bush ou d’une Hillary
Clinton, était totalement convenu, robotique, faux et visait à chaque fois à
dire les choses de façon à ne déplaire à personne. Les gens ne s'y sont pas
trompés, Hillary n'a soulevé aucun enthousiasme comparable à celui suscité par
Sanders ou Trump, les gens se sont ralliés à elle, faute de mieux, mais ce
faute de mieux n'était plus suffisant pour nombre d'entre eux. C'est injurier
beaucoup de femmes et d'hommes de dire que c'étaient des décérébrés du fait de
leur vote pour Trump. Le désespoir d’une immense cohorte d’électeurs est tel
qu’ils ont opté plutôt pour une force « disruptive » perturbatrice, certains
sans aucune illusion sur Trump, le mégalomane; l’alternative, Hillary,
apparaissant manifestement comme la quintessence de l’élitisme et du statu-quo,
comme ses discours à Wall Street, finalement exposés, l’ont bien montré.
Était-ce une bonne stratégie de changement ? je n’en sais rien, mais je sais
que si une société survit par son centre, elle ne progresse que par ses
extrêmes. Ce sera probablement une
énorme déconvenue
Personnellement, bien que je ne partage pas du tout l'idéologie et les méthodes
d'Hillary, si j’avais été américain, j’aurais voté à contrecœur pour elle, à
cause de la cour suprême et du changement climatique.
En ce qui concerne la politique étrangère de Trump, je suis certain qu’il ne
pourra pas aller très loin dans la transgression, parce que je crois
effectivement à ce qu’a dit Madeleine Albright « Les États-Unis sont la nation
indispensable », pour au moins les 50 prochaines années, et que Trump ne pourra
pas désengager les États-Unis sans des conséquences très graves. Il ne
resterait que deux avenues aux élites si Trump s’écartait trop des lignes
rouges : la destitution (impeachment) et l’assassinat.
L’élection de Donald
Trump a provoqué un véritable électrochoc aux États-Unis et ailleurs dans le
monde. Ce qui me surprend n’est pas qu’il ait gagné, c’est le niveau
d’effarement des gens. Mais à bien y penser ce n’est pas si surprenant, tellement
les media sont devenus un show et non un véritable lieu de débats.
Deux facteurs importants interreliés expliquent selon moi ce qui est arrivé.
Deux facteurs importants interreliés expliquent selon moi ce qui est arrivé.
1. Une
lutte de classe qui s’exprime sous la forme d’une jacquerie, parce que les
classes exploitées ont avalé depuis longtemps l’idéologie dominante faute
d’outils pour penser leur exploitation de façon intelligible (Manufacturing consent. Noam Chomsky). De
plus, depuis le consensus de Washington de 1991 suite à l’implosion de l’URSS -
le capitalisme est donné comme phénomène naturel indépassable, une réalité du
même ordre que la gravitation - aucun intellectuel de renom hormis Noam Chomsky
n’ose plus s’aventurer dans ce champ.
2. L’angoisse
identitaire de ceux qui perdent pied, face à une mondialisation qui les
crucifie.
En ce qui concerne la
paupérisation croissante de millions de gens, tout a été dit ou presque. Les
traités de libre échange ont décimé l’industrie manufacturière, la
financiarisation de l’économie a permis à quelques acteurs de profiter de leurs
manipulations des marchés (scandale du
Libor et des taux hypothécaires) sans en subir les contrecoups négatifs (socialisation
des pertes par le sauvetage des grandes banques et des compagnies d'assurances,
etc. au principe qu'elles étaient trop indispensables pour qu’on les laisse
faire faillite - too big to fail).
Cet ultra-libéralisme entièrement à la solde d’une hyper-classe de possédants,
a massivement éviscéré les principaux acquis sociaux de la deuxième moitié du
XXème siècle, sans omettre, cerise sur le gâteau, un mode de taxation dément,
Trump et en fait tous ses semblables arguent de pertes gigantesques pour ne jamais
payer d'impôts sur le revenu, ce qui fait dire à Warren Buffet (2ème ou
troisième plus grosse fortune des E-U) que la lutte de classe existait mais qu’elle
avait été gagné par les hyper-riches au-delà de toute mesure, citant à l’appui
de ses dires, que son taux réel d’imposition en tant que milliardaire était
beaucoup plus faible que celui de sa secrétaire.
Le résultat de cette prédation systématique est que depuis les 40 dernières années, hors les 1% les plus fortunés, il y a eu une stagnation des revenus réels de l’immense cohorte qui n’a pas de diplôme d’une université reconnue (au moins 90% de la population) et un taux de chômage réel beaucoup plus important que ce qu’en rapportent statistiques officielles. Il faut savoir que des millions de gens ayant abandonné tout espoir de trouver un emploi à temps plein permanent sortent des listes officielles de chômeurs. Il faut comprendre également que des millions de gens qu’on a affublé du titre d’auto-entrepreneur, survivent difficilement avec des macs-job à temps partiels. Auparavant, les gens pouvaient lutter au plan économique avec des syndicats, en faisant grève et en forçant ainsi les patrons à négocier. Depuis Reagan, tout ça a quasiment disparu, les syndicats ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient. Aujourd'hui, les travailleurs ont perdu tout pouvoir de négociation puisque l'alternative est directement la suppression d'emplois. Le salaire horaire a été réduit, parfois de 40$ à 15$ pour le même job. La couverture santé a disparu de presque tous les emplois manufacturiers et de services sauf pour quelques groupes de privilégiés, employés gouvernementaux, armée, etc. Au plan économique, l’hyper classe possédante rafle presque tout l'accroissement de productivité. La disparition de presque tout pouvoir de négociation est probablement liée moins à la disparition de l'URSS qu’à la fin du rêve socialiste dans le monde, entraînant une forme de résignation face la nouvelle loi d’airain du monde. Ainsi, avec la mondialisation, l'économique est devenue suprême et l'importance du politique a régressé au point de devenir le simple cache-sexe de l'économique, puisque les mécanismes du marché se rient maintenant des gesticulations des élus, surtout si ceux-ci arborent des idées progressistes.
Tout ceci ne relève pas d’une simple phase passagère, non seulement parce que les emplois perdus dans l’industrie manufacturières ne reviendront pas, mais parce que la robotisation de l’économie va s’accélérer; on prévoit que 40% des emplois actuels vont disparaître de ce fait dans les 20 ans qui viennent, même dans le domaine des services, qu’on croyait immunisé. À titre d’exemple, une partie de plus en plus importante d’articles de journaux sont rédigés par des algorithmes à partir des dépêches des agences de presse, l’informatisation de toutes les actes judiciaires permet maintenant de se passer du soutien para-légal, la jurisprudence et les analyses qui la concerne étant maintenant accessibles instantanément dans tous les bureaux d’avocats.
Jusqu’au début des années 70, l’ascenseur social fonctionnait encore, ce qui permettait à un parent d’être convaincu que son enfant aurait une vie meilleure que la sienne, de même que la sienne avait été meilleure que celle de ses parents. L’avenir était porteur d’espoir et entretenait le rêve américain, que le travail et la détermination étaient les clés d’une meilleure vie. Aujourd’hui le parent sait que le futur de son enfant sera moins reluisant que le sien et pourrait même être catastrophique. Lentement l’évidence s’est installée, l’avenir bouché pour l’immense majorité, les dés pipés malgré les discours lénifiants des élites supposément progressistes des Obama, Clinton et compagnie. Ceux-ci avaient vendu l’idée d’une mondialisation heureuse avec NAFTA et l'OMC. Elle fut effectivement dorée pour le grand capitalisme américain, les Apple, IBM, Amazon, Facebook, Starbucks et les autres, qui se positionnent en fonction d’un marché mondialisé, et qui utilisent les rivalités entre États pour garer leurs profits là où l’imposition est minime ou inexistante. Lorsque les perdants ont constaté que le rêve des uns était le cauchemar des autres, leur cauchemar et qu’ils ont protesté, on les a accusé de populisme, c’est-à-dire de réagir émotionnellement et non en réfléchissant froidement. Rien n’est plus scandaleux que cette accusation de populisme; lorsqu’on réalise qu’on se fait enc.. par ces élites, comment ne pas réagir autrement ? Comme si les élites agissaient rationnellement lorsque leurs grandes banques ont jeté des millions de personnes à la rue en les expulsant frauduleusement de leurs logements. En vérité, le populisme est une réaction naturelle devant les effets de l'impitoyable prédation des élites capitalistes, confortés par les élites intellectuelles et médiatico-politiques, dont le destin leur est lié.
Voter, un acte politique survenant tous les quatre ans, était devenu l'unique moyen des perdants d'exprimer leur désespoir.
Le résultat de cette prédation systématique est que depuis les 40 dernières années, hors les 1% les plus fortunés, il y a eu une stagnation des revenus réels de l’immense cohorte qui n’a pas de diplôme d’une université reconnue (au moins 90% de la population) et un taux de chômage réel beaucoup plus important que ce qu’en rapportent statistiques officielles. Il faut savoir que des millions de gens ayant abandonné tout espoir de trouver un emploi à temps plein permanent sortent des listes officielles de chômeurs. Il faut comprendre également que des millions de gens qu’on a affublé du titre d’auto-entrepreneur, survivent difficilement avec des macs-job à temps partiels. Auparavant, les gens pouvaient lutter au plan économique avec des syndicats, en faisant grève et en forçant ainsi les patrons à négocier. Depuis Reagan, tout ça a quasiment disparu, les syndicats ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient. Aujourd'hui, les travailleurs ont perdu tout pouvoir de négociation puisque l'alternative est directement la suppression d'emplois. Le salaire horaire a été réduit, parfois de 40$ à 15$ pour le même job. La couverture santé a disparu de presque tous les emplois manufacturiers et de services sauf pour quelques groupes de privilégiés, employés gouvernementaux, armée, etc. Au plan économique, l’hyper classe possédante rafle presque tout l'accroissement de productivité. La disparition de presque tout pouvoir de négociation est probablement liée moins à la disparition de l'URSS qu’à la fin du rêve socialiste dans le monde, entraînant une forme de résignation face la nouvelle loi d’airain du monde. Ainsi, avec la mondialisation, l'économique est devenue suprême et l'importance du politique a régressé au point de devenir le simple cache-sexe de l'économique, puisque les mécanismes du marché se rient maintenant des gesticulations des élus, surtout si ceux-ci arborent des idées progressistes.
Tout ceci ne relève pas d’une simple phase passagère, non seulement parce que les emplois perdus dans l’industrie manufacturières ne reviendront pas, mais parce que la robotisation de l’économie va s’accélérer; on prévoit que 40% des emplois actuels vont disparaître de ce fait dans les 20 ans qui viennent, même dans le domaine des services, qu’on croyait immunisé. À titre d’exemple, une partie de plus en plus importante d’articles de journaux sont rédigés par des algorithmes à partir des dépêches des agences de presse, l’informatisation de toutes les actes judiciaires permet maintenant de se passer du soutien para-légal, la jurisprudence et les analyses qui la concerne étant maintenant accessibles instantanément dans tous les bureaux d’avocats.
Jusqu’au début des années 70, l’ascenseur social fonctionnait encore, ce qui permettait à un parent d’être convaincu que son enfant aurait une vie meilleure que la sienne, de même que la sienne avait été meilleure que celle de ses parents. L’avenir était porteur d’espoir et entretenait le rêve américain, que le travail et la détermination étaient les clés d’une meilleure vie. Aujourd’hui le parent sait que le futur de son enfant sera moins reluisant que le sien et pourrait même être catastrophique. Lentement l’évidence s’est installée, l’avenir bouché pour l’immense majorité, les dés pipés malgré les discours lénifiants des élites supposément progressistes des Obama, Clinton et compagnie. Ceux-ci avaient vendu l’idée d’une mondialisation heureuse avec NAFTA et l'OMC. Elle fut effectivement dorée pour le grand capitalisme américain, les Apple, IBM, Amazon, Facebook, Starbucks et les autres, qui se positionnent en fonction d’un marché mondialisé, et qui utilisent les rivalités entre États pour garer leurs profits là où l’imposition est minime ou inexistante. Lorsque les perdants ont constaté que le rêve des uns était le cauchemar des autres, leur cauchemar et qu’ils ont protesté, on les a accusé de populisme, c’est-à-dire de réagir émotionnellement et non en réfléchissant froidement. Rien n’est plus scandaleux que cette accusation de populisme; lorsqu’on réalise qu’on se fait enc.. par ces élites, comment ne pas réagir autrement ? Comme si les élites agissaient rationnellement lorsque leurs grandes banques ont jeté des millions de personnes à la rue en les expulsant frauduleusement de leurs logements. En vérité, le populisme est une réaction naturelle devant les effets de l'impitoyable prédation des élites capitalistes, confortés par les élites intellectuelles et médiatico-politiques, dont le destin leur est lié.
Voter, un acte politique survenant tous les quatre ans, était devenu l'unique moyen des perdants d'exprimer leur désespoir.
Le deuxième facteur est
clairement relié au premier, la mondialisation capitaliste exige in fine une
approche multiculturelle pour mieux vendre les produits, tant sur le marché
intérieur que sur les autres. Une compagnie ne vend pas son produit à un
citoyen, c'est-à-dire à un acteur invoquant sa raison pour participer à
l'orientation politique de la cité, elle vend son produit à un client,
c'est-à-dire à un consommateur marqué par sa culture. Les grandes corporations
sont donc naturellement amenées à favoriser une idéologie multiculturaliste et
poussent les gouvernements à adopter partout des politiques d’accommodements
raisonnables, pour encourager les flux migratoires et conforter leur image
mondiale. Or ces politiques d’accommodements créent partout des déchirures du
tissu social des nations, accroissant un sentiment d’aliénation, les gens se
sentant de moins en moins chez eux. On le constate partout en occident. En
effet, les politiques migratoires des grands pays occidentaux ont favorisé
l’entrée de millions de migrants, venus d’un ailleurs géographique, culturel ou
religieux. Parallèlement à cette politique d’État, l’idéologie des droits de
l’homme s’est transformée en doits-de-l’hommisme, dans une dérive devenue
folle, avec les conséquences qu’on peut voir dans tous les pays occidentaux ;
suscitant une révolte massive des peuples, le Brexit au Royaume-Uni et les
bouleversements qui s’en viennent en France et dans tous les autres pays
européens. Ce ne sont pas les cris de vierges indignées des élites
intellectuelles et médiatico-politiques qui changeront cette angoisse
existentielle que ressentent les peuples face à ces millions de gens qui ne
demandent plus comme avant à s’intégrer, mais qui exigent que le pays s’adapte
à leurs exigences au lieu que ce soit l’inverse. Tant au Royaume-Uni, qu’en
France et aux États-Unis, ce sursaut du peuple au travers des processus
électoraux exprime un refus des politiques des élites.
LE
RETOUR DU RÉEL
Tout ceci a mené à des protestations du genre « Occupy Wall Street » mais à rien d’autre de fortement structuré, offrant une analyse claire de ce phénomène d’exploitation. Il n’est pas étonnant que le seul moment où la colère pût s’exprimer fût les élections, avec les millions de gens soutenant Sanders (un authentique progressiste) et des millions d’autres mesmérisés par un mégalomane caractériel.
Trump est un capitaliste qui se fout complètement du sort des autres et qui se fera vite de grands amis à Wall Street, parce qu’il vise uniquement à maximiser ses intérêts. Il déplait aux élites uniquement parce qu’il n’est pas du sérail et qu’il n’a aucune manière, mais leurs intérêts convergent et je prédis que les élites capitalistes et financières vont très bien s’accommoder de lui.
Il a soulevé les masses, parce qu’il parlait avec un langage cru, en opposition totale avec le politiquement correct. Plus il disait des choses horribles, plus il était authentique, et c’est ça qui a plu et emporté l’adhésion parce que les gens voyaient bien que le langage policé d’un Jeff Bush ou d’une Hillary Clinton, était totalement convenu, robotique, faux et visait à chaque fois à dire les choses de façon à ne déplaire à personne. Les gens ne s'y sont pas trompés, Hillary n'a soulevé aucun enthousiasme comparable à celui suscité par Sanders ou Trump, les gens se sont ralliés à elle, faute de mieux, mais ce faute de mieux n'était plus suffisant pour nombre d'entre eux. C'est injurier beaucoup de femmes et d'hommes de dire que c'étaient des décérébrés du fait de leur vote pour Trump. Le désespoir d’une immense cohorte d’électeurs est tel qu’ils ont opté plutôt pour une force « disruptive » perturbatrice, certains sans aucune illusion sur Trump, le mégalomane; l’alternative, Hillary, apparaissant manifestement comme la quintessence de l’élitisme et du statu-quo, comme ses discours à Wall Street, finalement exposés, l’ont bien montré.
Était-ce une bonne stratégie de changement ? je n’en sais rien, mais je sais que si une société survit par son centre, elle ne progresse que par ses extrêmes. Ce sera probablement une énorme déconvenue
Personnellement, bien que je ne partage pas du tout l'idéologie et les méthodes d'Hillary, si j’avais été américain, j’aurais voté à contrecœur pour elle, à cause de la cour suprême et du changement climatique.
En ce qui concerne la politique étrangère de Trump, je suis certain qu’il ne pourra pas aller très loin dans la transgression, parce que je crois effectivement à ce qu’a dit Madeleine Albright « Les États-Unis sont la nation indispensable », pour au moins les 50 prochaines années, et que Trump ne pourra pas désengager les États-Unis sans des conséquences très graves. Il ne resterait que deux avenues aux élites si Trump s’écartait trop des lignes rouges : la destitution (impeachment) et l’assassinat.
Tout ceci a mené à des protestations du genre « Occupy Wall Street » mais à rien d’autre de fortement structuré, offrant une analyse claire de ce phénomène d’exploitation. Il n’est pas étonnant que le seul moment où la colère pût s’exprimer fût les élections, avec les millions de gens soutenant Sanders (un authentique progressiste) et des millions d’autres mesmérisés par un mégalomane caractériel.
Trump est un capitaliste qui se fout complètement du sort des autres et qui se fera vite de grands amis à Wall Street, parce qu’il vise uniquement à maximiser ses intérêts. Il déplait aux élites uniquement parce qu’il n’est pas du sérail et qu’il n’a aucune manière, mais leurs intérêts convergent et je prédis que les élites capitalistes et financières vont très bien s’accommoder de lui.
Il a soulevé les masses, parce qu’il parlait avec un langage cru, en opposition totale avec le politiquement correct. Plus il disait des choses horribles, plus il était authentique, et c’est ça qui a plu et emporté l’adhésion parce que les gens voyaient bien que le langage policé d’un Jeff Bush ou d’une Hillary Clinton, était totalement convenu, robotique, faux et visait à chaque fois à dire les choses de façon à ne déplaire à personne. Les gens ne s'y sont pas trompés, Hillary n'a soulevé aucun enthousiasme comparable à celui suscité par Sanders ou Trump, les gens se sont ralliés à elle, faute de mieux, mais ce faute de mieux n'était plus suffisant pour nombre d'entre eux. C'est injurier beaucoup de femmes et d'hommes de dire que c'étaient des décérébrés du fait de leur vote pour Trump. Le désespoir d’une immense cohorte d’électeurs est tel qu’ils ont opté plutôt pour une force « disruptive » perturbatrice, certains sans aucune illusion sur Trump, le mégalomane; l’alternative, Hillary, apparaissant manifestement comme la quintessence de l’élitisme et du statu-quo, comme ses discours à Wall Street, finalement exposés, l’ont bien montré.
Était-ce une bonne stratégie de changement ? je n’en sais rien, mais je sais que si une société survit par son centre, elle ne progresse que par ses extrêmes. Ce sera probablement une énorme déconvenue
Personnellement, bien que je ne partage pas du tout l'idéologie et les méthodes d'Hillary, si j’avais été américain, j’aurais voté à contrecœur pour elle, à cause de la cour suprême et du changement climatique.
En ce qui concerne la politique étrangère de Trump, je suis certain qu’il ne pourra pas aller très loin dans la transgression, parce que je crois effectivement à ce qu’a dit Madeleine Albright « Les États-Unis sont la nation indispensable », pour au moins les 50 prochaines années, et que Trump ne pourra pas désengager les États-Unis sans des conséquences très graves. Il ne resterait que deux avenues aux élites si Trump s’écartait trop des lignes rouges : la destitution (impeachment) et l’assassinat.
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