1.
Quelques commentateurs et politiciens laissent
entendre que les accusations de racisme à l’encontre de la collectivité
québécoise, ne seraient pas infondées. En cause selon eux, une liberté
d’expression non encadrée générant une montagne de discours haineux sur les media
sociaux, d’où CQFD, l’attentat meurtrier du 29 janvier dans une mosquée à
Québec, où 6 personnes furent assassinées par un terroriste. Certains vont même
jusqu’à dire que la défunte proposition de charte des valeurs québécoises était
un document raciste et qu’elle ne serait pas étrangère au drame. Bref, le
Québec, autrement dit la collectivité québécoise serait une société raciste, ce
qui expliquerait son soi-disant racisme systémique.
2.
Existe-t-il un racisme systémique au Québec ?
qu’il y ait du racisme, oui comme dans toute société humaine, mais du racisme
systémique ? Entendons-nous d’abord sur les termes avant de juger. On doit
mesurer le racisme systémique à ses effets manifestes, ouverts ou sournois, répétés,
c’est-à-dire s’étageant sur des périodes longues, souvent générationnelles et
non sur le racisme perçu. C’est la différence essentielle qui existe entre un
sentiment qui relève de l’intériorité et un comportement qui lui est
objectivement observable. De plus, il est inconcevable qu’un racisme systémique
puisse exister sans une forme de rejet social de la personne qu’on n’aime pas
ainsi que de sa culture.
3.
Le Québec n’est évidemment pas exempte de
discriminations. Nous savons qu’il existe de multiples lieux d’apartheid à
Montréal et ailleurs dans la province, des lieux chics qui sont de facto
interdits à un groupe bien particulier de personnes, elles peuvent s’y promener
mais pas s’y loger. Ces lieux sont entourés d’un mur presque infranchissable,
ce mur c’est celui de l’argent et le groupe qui n’a pas le droit d’aller se
loger dans ces lieux chics, ce sont les pauvres. Est-ce qu’on va appeler cette
discrimination du racisme systémique ? Un autre groupe traditionnellement
discriminé depuis des siècles par son apparence physique est celui des femmes.
Va-t-on appeler les discriminations qu’elles subissent du racisme
systémique ?
4.
Si par racisme systémique on se réfère aux
obstacles, du fait de caractéristiques physiques ou culturels, que rencontrent
les gens aux plans du travail, du logement, des politiques gouvernementales,
des services dispensés dans les établissements publics, et de leur présence
visible dans les media, alors oui il y a des exemples manifestes de racisme au Québec mais
plutôt à l’encontre des premières nations [scandale de Val d’Or] plus que vis-à-vis des nouvelles
communautés immigrantes.
5.
Les difficultés que celles-ci rencontrent ne devraient
pas être qualifiées de racisme systémique. Selon un rapport récent du MIDI, Ministère
de l’immigration, de la diversité et de l’inclusion, les immigrants ont un taux
de chômage nettement plus élevé que la population native mais au bout de 10
ans, leur taux de chômage est à peu près le même que celui de la population
native pour les hommes quoique toujours un peu supérieur pour les femmes, pour
des raisons bien spécifiques. Quant aux possibilités d’emploi dans les services
publics, à diplomation égale, il semble qu’il n’y ait aucune discrimination
objectivement mesurable. Le fait que les courbes d’emploi entre les immigrants et
la population native se rejoignent après 10 ans, indique simplement une
discrimination temporaire, découlant d’autres facteurs[1]. Notamment,
les difficultés élémentaires d’ajustement à des modes de vie très différents, les
codes culturels souvent difficiles à maitriser, l’inadaptation au marché du
travail, rendue plus difficile à surmonter lorsque le taux de chômage est élevé,
que les emplois se situent parfois hors des métropoles alors que presque toutes
les communautés d’appartenance des nouveaux immigrants sont situées à Montréal.
Il est vrai que certains groupes ne sont pas très présents dans plusieurs corps
de métier mais pour des raisons qui ont peu à voir avec le racisme systémique.
6.
Quelques exemples :
a.
J’ai travaillé plusieurs années dans un
organisme communautaire pour aider à l’intégration des immigrants juifs
marocains. Plusieurs déclaraient être comptables au Maroc, mais en fait, ils
étaient de simples teneurs de livres, additionnant sur un cahier les chiffres
de ventes et de dépenses. Comptabilité suffisante à l’époque au Maroc dans les
petites entreprises, mais pas ici. Personne ne voulait les engager, à juste
titre, ils n’étaient pas qualifiés, il leur manquait un bagage supplémentaire.
C’étaient des moments très déprimants pour beaucoup d’entre eux, se savoir
déclassés et être perçus comme tels par leur famille. Ils étaient souvent en
colère face au refus des employeurs, se considérant comme compétents, alors
qu’ils ne l’étaient plus ici à Montréal. Beaucoup restèrent au chômage durant
des années, mais leur chance fut de bénéficier de l’assistance de leur
communauté qui les aida à se requalifier ou à carrément changer d’orientation.
b.
À l’inverse, plusieurs membres de cette
communauté étaient surqualifiés. À titre d’exemple, une jeune avocate (une de mes soeurs) formée
dans un autre pays, travailla un an comme femme de ménage à l’hôtel
Reine-Élizabeth, tout en se requalifiant à l’université de Montréal et
finalement des années après son arrivée, exerça son métier d’avocate.
c.
Je suis moi-même arrivé de France au Québec, à
un moment où subsistait encore l’expression « maudit français ».
Ignorant tout des façons de faire à l’époque des canadiens-français, pendant
presque un an, j’ai vécu de petits boulots ; c’était difficile mais
c’était la vie, personne ne m’avait forcé à venir ni promis quoi que ce soit.
Je ne possédais pas les codes culturels requis et évidemment je faisais des
erreurs ; par exemple je m’étais présenté pour le poste de DG de la
société St-Jean Baptiste de Montréal, en leur demandant si le fait que j’étais
juif les dérangeait ? Bon, vous ne serez pas surpris en vous disant qu’ils
m’ont poliment déclaré que je ne faisais pas l’affaire après m’avoir interviewé
presque une heure. J’étais désappointé mais il ne me serait jamais venu à
l’idée de les accuser d’antisémitisme. Leur refus de m’engager était légitime.
Cinquante ans
après son arrivée, cette communauté de 25.000 membres est totalement intégrée,
et les jeunes nés ici ne rencontrent aucune discrimination à l’emploi, même si
aujourd’hui plusieurs ont de grandes difficultés à se trouver un job, pour cause
de marasme économique, comme pour n’importe quel autre jeune natif du pays.
7.
Quant à l’autre grand critère de racisme
systémique, la paucité de rapports sociaux entre le groupe qui se croit
discriminé et la population majoritaire, tous les indicateurs pointent vers
l’inverse, le Québec est justement célébré pour son ouverture aux autres. Là où
l’irritant est le plus manifeste, c’est lorsque l’immigrant conteste deux
valeurs chères aux Québécois, l’égalité homme/femme et la séparation de l’État
et de la religion. C’est d’ailleurs autour de ces deux valeurs que surgissent
la majorité des problèmes d’intégration d’une partie de la communauté
musulmane, notamment pour les demandes d’accommodements raisonnables, ce qui
amène une fraction importante de la population à avoir une image négative de
l’islam. Mais et ce point est crucial, en dépit de ce déplaisir à voir ces deux
valeurs fondatrices du Québec, contestées, cela n’entraine pas d’effets
tangibles en termes de comportements racistes de la part de la collectivité
québécoise.
8.
On n’accueille pas près de 2 million de
personnes en 45 ans pour une petite société de 6 millions d’habitants comme le
Québec en 1970 si on est xénophobe.
Alors de grâce ne confondons pas délibérément une migraine tenace qui
finira par disparaitre au fil des ans avec un cancer généralisé. Lorsqu’on
s’invite dans un pays, on doit accepter les codes culturels de ce pays et
s’adapter, ce qui prend du temps, beaucoup de temps, ce qui est toujours
difficile, douloureux même et angoissant, mais normal. L’accueillant n’a pas
d’obligation particulière à notre égard en tant qu’immigrant. C’est ce que la
majorité des diverses communautés ethniques qui se sont installées au Québec au
cours du siècle dernier, comprenaient et acceptaient. Comme disent les Anglais,
« You have to pay your dues »,
si on se fie au parcours des communautés irlandaise, italienne, française,
vietnamienne, et même juive, malgré l’antisémitisme qui sévissait et qui a peu
à peu régressé, elles l’ont
toutes fait et ont toutes réussi à s’intégrer et à prospérer, sans discours
victimaire excessif.
9.
Voici deux exemples que je trouve symptomatiques
de cette posture victimaire.
a.
Récemment à Ahuntsic, une mosquée s’installa
dans un endroit non zoné pour cela. La mairie d’arrondissement acquiesça et
consentit une dérogation. Plusieurs citoyens du quartier refusèrent cette
entorse aux règlements et ils réunirent suffisamment de gens pour obtenir un
référendum. Ils gagnèrent le référendum et le permis pour installer l’édifice
religieux fut retiré. Quelques personnes de la communauté musulmane se
répandirent en lettres de protestations et déclarèrent même que cela témoignait
d’une réaction raciste de la collectivité québécoise. Certains leaders
suggérèrent qu’il fallait au plus vite que le gouvernement mette en route une
commission d’enquête sur le racisme systémique au Québec. Manque de chance, une
analyse des votants fut effectuée et il s’avéra que la majorité de ceux qui
s’étaient opposés à la dérogation n’étaient pas des Québécois de souche mais majoritairement
d’autres immigrants. Pourquoi accuser de racisme systémique la collectivité
québécoise alors que les résidents du quartier ont simplement exercé leurs
droits démocratiques.
b.
Deuxième exemple, presque la même histoire avec
la communauté juive hassidique d’Outremont qui exigeait une dérogation de
zonage sur la rue Bernard pour une synagogue. Dérogation refusée. Menaces de
poursuites judiciaires. Serait-ce également un exemple de racisme systémique ?
10. Tout
ceci m’amène à partager l’idée que la notion de racisme systémique au Québec est
à l’instar du concept d’islamophobie, une imposture intellectuelle visant 6
objectifs bien précis :
a.
Présenter les plaignants comme victimes
exemplaires requérant réparation
b.
Créer un sentiment de culpabilité au sein du
peuple d’accueil.
c.
Imposer un interdit de penser sous peine
d’accusation de racisme, crime suprême par définition.
d.
Bloquer ainsi la liberté d’expression au titre
de lutte contre les discours haineux, en demandant une police des media
sociaux.
e.
Si cela n’est pas suffisant, orchestrer une guérilla
judiciaire comme celle qu’a subie Mme Djemila Benhabib et à qui la cour a donné
raison en déboutant l’école musulmane qui l’avait attaquée.
f.
Conforter le processus d’accommodements
raisonnables en vue d’obtenir des dérogations supplémentaires aux pratiques
usuelles.
11. Je
conclurais en disant que ce processus est redoutablement efficace parce que
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, un immense fait de civilisation
s’est produit ; l’antiracisme s’est transmué à juste titre en valeur
sacrée de nos sociétés, mais en abusant de cette notion de sacralité interdite
d’examen, dans une envolée devenue folle, l’antiracisme crée aujourd’hui un effet
de sidération des esprits. La demande d’une commission d’enquête publique sur
un prétendu racisme systémique sévissant au Québec, s’inscrit évidemment dans
cette stratégie.
[1] Source :
Ministère de l’immigration, de la diversité et de l’inclusion, Ensemble, nous sommes le Québec – recueil de
statistiques, février 2016, Tableau 3.1 p. http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/dossiers/RecueilStatistiques.pdf
J'abonde tout à fait dans votre sens :
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/photo.php?fbid=10154049152547820&set=a.10150384638597820.339031.607327819&type=3
J'ai pris un grand plaisir à vous lire monsieur Ouaknine. Venant d'un immigrant et présentant les faits tel que vous le faite vous honore et j'en suis enchanté comme Québécois.Dommage que la présidence de votre colloque.......... néanmoins Respectueux et respectueux des bonnes manières vous nous avez surement représenté avec courtoisie.Mes respects monsieur Ouaknine.
RépondreSupprimerJ'en ai vraiment marre de me sentir manipulée par ce faux débat. J'accuse de plus notre gouvernement de jeter de l'huile sur le feux en menacant les Québécois de poursuite judiciaire pour "conneries haineuse". D'un côté l'on se sent privé de son identité et de ses racines, on se sent attaqué et de l'autre,le gouvernement tente de nous fermer la gueule afin que l'on ne proteste pas de ces sentiments légitimes. S'il y a un débat à avoir, ce serait celui-ci: Y a-t-il un mépris systémique des immigrants envers le peuple québécois.
RépondreSupprimerLes divers gouvernements ont opté depuis des décennies pour l'ouverture en grand aux immigrants. C'est un choix qui transforme inéluctablement le Québec. Je n'ai jamais cru à l'importance ni de l'immigration. L'illusion du PQ fut de croire que les immigrants majoritairement francophones allaient renforcer le caractère français du Québec; ce parti a sous-estimé la dérive qu'il n'a pas su voir, la lente asphyxie du projet d'une société laïque québécoise qui se fait supplantée par une société multiculturaliste, qui, elle, rejette la laïcité. Le PLQ a voulu cette immigration parce qu'il savait que l'immense majorité des immigrants voterait pour les fédéralistes multiculturels. Une raison commune aux 2 partis, était de maintenir aussi haut que possible le poids du Québec au sein de la fédération. Tout cela donne la situation que nous connaissons aujourd'hui.
SupprimerD'accord avec votre commentaire. Nous avons l'impression d'être étouffés chez nous, pris en "sandwich". Pour le mieux-vivre ensemble, on repassera ! Le maire Régis Labeaume disait, il y a quelques années : "Ravaler, s'est s'user par en-dedans." Lorsque quelque chose est trop usé, ça peut exploser !
SupprimerD'accord avec votre commentaire. Nous avons l'impression d'être étouffés chez nous, pris en "sandwich". Pour le mieux-vivre ensemble, on repassera ! Le maire Régis Labeaume disait, il y a quelques années : "Ravaler, s'est s'user par en-dedans." Lorsque quelque chose est trop usé, ça peut exploser !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par son auteur.
RépondreSupprimerMerci d'être ce que vous êtes Léon Ouaknine ! Bon texte qui sait déjouer les pièges où s'engluent Radio-Canada, le Devoir et trop de bien-pensants qui semblent en effet tétaniser par la lamento de plus en plus omniprésent du racisme systémique.
RépondreSupprimerJe me réfère ici récent projet de Québec solidaire qui demande de une commission sur le racisme « systémique ».
RépondreSupprimerSi QS avait plutôt présenté un projet portant sur la discrimination, je serais plus ouverte à l'idée. S'ils veulent parler de discrimination dans la fonction publique alors, soit, qu'on fasse cette étude. Qu'on la nomme clairement ainsi, sans sous-entendu et sans passer par ce qualificatif ostracisant de racisme "systémique".
On connait toutefois la position de Québec solidaire: en 2015, ils ont fait voter une motion condamnant l'islamophobie à l'Assemblée nationale. Ils ont pris les députés au piège, dans une double contrainte : être d'accord et accuser les Québécois d’islamophobie, ou dire non, et être soi-meme accusé d’islamophobie. Avec les derniers événements, QS tente une nouvelle stratégie. Ils parlent cette fois de racisme et non plus d'islamophobie mais le but est le même, je le crains. Pourquoi condamner seulement le racisme et l’islamisme alors qu'il y a diverses formes de discrimination dans notre société?
Analyser les formes de discrimination au Québec et trouver des solutions, oui, parlons-en, mais avec une ouverture à toutes ses manifestations. Plusieurs groupes subissent de la discrimination dans notre société, notamment : autochtones, immigrants de TOUTES nationalités, Noirs, enfants intimidés à l'école parce que différents, femmes/féministes, communauté LGBT, etc.
Si l'on veut réellement faciliter l'intégration des immigrants dans notre société alors, oui. Créons de meilleures mesures d'intégration, améliorons notre bilan sur la protection de la langue française, établissons clairement le statut de la laïcité de / dans l'État québécois. Il faudra enfin mener un débat mature et serein sur la spécificité et l'identité du peuple québécois et qui ne soit pas teinté d'accusations de racisme ou d'islamophobie "systémiques".
"Ask not what your country can do for you, but ask what your can do for your country." C'est notre responsabilité, et c'est aussi la responsabilité des immigrants qui sont déjà ici depuis quelques années. C’est improductif de discuter d’intégration des immigrants dans une vision à sens unique, et dans laquelle les Québécois seraient les seuls à s’interroger et à s'adapter. Les musulmans, en particulier, semblent avoir plus de difficulté à s'intégrer que d'autres immigrants. Alors pourquoi ? Que peuvent-ils faire dans leurs communautés, pour éviter la ghettoïsation et la radicalisation? Ils peuvent eux aussi participer positivement à la réflexion, dans l'intérêt de tous. Devront-ils changer leurs attentes envers le pays d'accueil s'ils veulent éviter d'être perçus négativement comme ils le sont un peu partout en Occident. Ils devront sérieusement se demander, eux aussi : "Que pouvons-nous faire, nous musulmans, pour qu'on puisse désormais nous regarder avec d'autres yeux ?"
Je souscris des deux mains à vos propos
Supprimerj'aime votre réponse Mme Michaud. Et j'aime votre témoignage, M. Ouaknine. Cela fait du bien de lire un texte d'opinion d'une personne issue de l'immigration et qui ne juge pas sa société d'accueil, même si elle n'est pas parfaite. je pense aussi que les immigrants doivent s'intégrer à la société d'accueil. l'idéologie/politique du multiculturalisme nuit à l'intégration des immigrants à la société d'accueil car d'après ce que je comprends, certains nouveaux arrivants veulent vivre selon leurs us et coutumes et leur religion et demandent à ce que la société d'accueil fasse des accomodements plutôt que l'inverse. Personnellement, ce qui me dérange avec certaines personnes de la communauté musulmane, c'est le fait que les femmes se couvrent la tête. elles grandissent dans un milieu où c'est normal de cacher leur cheveux et parfois leur corps, mais pour moi c'est un signe de soumission car les hommes ne font pas de même. Et j'ai peur de la charia. en ce moment le problème ne se présente pas mais quand les Musulmans deviendront plus nombreux, leur demande pourrait aller dans ce sens.
SupprimerMerci Léon Ouaknine pour ce texte qui sait déjouer les pièges usuels où s'embourbent Radio-Canada, le Devoir et trop de bien-pensants tétanisés par ce discours victimaire qui accuse ainsi à la légère sans prendre le temps nécessaire à quelque examen plus approfondi. Cela fait du bien de lire une contre-argumentation face à ce lamento perpétuel.
RépondreSupprimerMerci
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