Ce fut une
étrange épidémie, d’abord presque invisible, quelques intellectuels ici et là,
surtout ceux qui ne supportaient pas qu’on puisse douter de la nécessité de
tout déconstruire, puis comme un feu qui couve, des brûlots surgirent,
principalement chez les pleureuses, surtout celles qu’il est interdit de
nommer.
On ne se rendit
compte des vastes effets de cette épidémie qu’il convient aujourd’hui de
qualifier de brillante révolution que longtemps après, suite aux travaux de
l’école intersectionnelle des historiens de l’université de Paris qui démontra
par la rigueur de sa méthodologie, que oui, l’homme intermodal n’avait pas
toujours été ce qu’il est aujourd’hui et que la grande transformation l’avait
libéré des chaines systémiques qui l’opprimaient.
Tout semble-t-il
débuta dans les milieux universitaires américains de la côte ouest, lorsque
presque invisiblement, les organes externes de ceux qu’on appelle maintenant
les intermodaux (Homo intermodalus), s’allongea peut-être d’un millimètre tous
les 3 mois, pour certains ce fut le nez pour former ce qui deviendra quelques
années plus tard l’appendice nasal ressemblant à la trompe du Nasalis larvatus;
ce splendide organe permettait de renifler à 10 km à la ronde l’odeur
pestilentielle de ceux qui refusaient le
racialisme au motif saugrenu qu’une loi uniforme devait régir l’ensemble des
citoyens, sans tenir compte de leur ressenti; pour d’autres ce furent les
oreilles qui prirent une forme éléphantine, permettant à cette catégorie de
l’homo intermodal de s’éventer vigoureusement lorsque des relents nauséabonds
d’idées pré-décoloniale les assaillaient, pour certains, ce furent les yeux qui
finalement se libérèrent de l’enclos restrictif du visage pour saillir au bout
de pédoncules très flexibles qui permirent à cette branche de l’homo intermodalus de voir dans toutes les
directions et de pouvoir ainsi se préserver de toute rencontre inopportune sans
devoir tourner la tête, enfin pour une petite élite, l’homo intermodalus totalus,
gratifié de l’ensemble des changements, elle assuma la charge de guider la
nouvelle humanité en invoquant le petit livre vert, trésor de vérité, qui ordonne
le convenable et interdit le blâmable.
Bien sûr il
resta ce reliquat d’homo sapiens qui négligés par la nature, refusèrent
obstinément de comprendre que quelque chose en eux ne tournait pas rond, et que
le rejet dont ils étaient l’objet de la part de l’homo intermodalus était
naturel et que tout ce qui avait été conçu par les déshérités de l’évolution,
devait être rejeté sans hésitation car porteur de ce que la société avait de
mauvais avant la grande transformation.
Léon Ouaknine
10 décembre 2020
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